Pour que la peinture ne sèche jamais
02/05/2021
Expiré des séries Kalashnikov et Les revisités de Gaël Davrinche ainsi que des Blood Drawings de Claire Morgan, ce petit texte est là pour dire les temps qui caracolent en une seule toile et aider à étancher une soif de vie toute picturale.
Pour que la peinture ne sèche jamais,
Gaël s’attèle à ses icônes, il retravaille leurs mèches et leurs postures, leurs railleries, les gueules aussi. Il ferme les yeux pour se souvenir de Van Gogh, oui le creux de ses yeux était si noir, ce ne peut être que lui avec un vent de cyprès pour chemise. Pour que la peinture ne sèche jamais, elle boit des visages, elle s’en fait un bain de bouche. Faire crier les profils, faire choir les trous de nez, couler les yeux jusqu’au-dessous des joues. Les cheveux et les globes oculaires guerroient avec le prisme d’un fond coulant ou braillant du vert en tempête. Colorer, raviver, vivre.
Pour que la peinture ne sèche jamais,
Claire y ajoute des plumes et les tripes d’un oiseau trouvées sur le bitume. Alors un élan matièré s’éveille. Il est mort et il est vivant. Il est collé par la peinture, toujours vive, pour qu’un souffle, une chute, un micro-vol soit des nôtres, encore. Pour que la peinture ne meurt jamais, elle fronce parfois ses lignes et les relâche volantes, elle se fait domptée en cadence. Elle singe l’arrêt cardiaque perpétuel, l’instant qui tourne en rond, qui ne veut pas se défaire de son estrade. La peinture renoue les fils et les temps ; elle est fortiche pour les nœuds en huit et les nœuds d’arrêt.