Pour Petros Koublis

08/01/2022

J’aime cette vache, elle s’avance peut-être, elle teste ma présence. Elle participe à un monde onirique où les ronds d’une petite pluie occupent l’air, où l’herbe couchée s’éclaire tumultueuse. Un vent peut-être. Petros Koublis tisse une atmosphère pour envelopper notre rencontre. Une magie des lieux, presque inventée s’opère. Le poil de l’animal est une matière de l’espace, à sa juste place. Il me reste en bouche, en épiderme, la saveur d’un impromptu dans lequel je me sais vue. Ce n’est pas moi qui regarde les photographies de Petros Koublis ce sont elles qui me mirent de leurs écrins rectangulaires. Et tous leurs personnages avec, chevaux, arbres, échassiers, chèvres aussi, de leurs yeux font de moi leur sujet. Comme si le spectateur pouvait retirer sa présence regardante. Je suis là par hasard, pas eux. Des lumières de contes, une brume pour resserrer l’espace, point de hors-champs, rien que l’adresse offerte à ceux et celles qui se savent vus par l’animal-personne. Que faire du temps en ces lieux, l’absoudre, le renvoyer aux oubliettes du ciel.