Pour Mamadou Gomis

26/04/2018

Le net : art de pointe de Mamadou Gomis

Les rues ont été court-circuitées. Le flux des gens n’est plus, happé dans un vacuum. A chaque prise de vue de la série Snapshot Reflection, un reflet élabore la jointure entre deux mondes éloignés qui ainsi se touchent enfin. L’artiste – photographe Mamadou Gomis crée un télescopage citadin dont sa figure même réchappe, absente. Dans plusieurs villes d’Europe, il a fait de la photographie un lieu de retournement qui modèle ses propres profondeurs et ses lieux de vie.

Les tissus, les façades et le peu de nature présente, seuls ondulent pour offrir une mesure de vie. Ils sont le revers joyeux, encastré, des visages lisses et glacés. Le mouvant et l’animé n’y ont pas les traits d’humains, ceux-ci se figent dans le publicitaire européen. Les motifs et les couleurs de Snapshot Reflection coulent comme d’abondants ruisseaux les uns avec les autres. Nous gouttons leurs murmures, apprécions leurs sillages. Ils se déploient depuis une zone nette, délimitée comme une ZAD, cartographiée au millimètre, chambre perchée et franche, douce et saisissable.

Mamadou use du net comme d’un pivot, d’une clef de voute vers laquelle tout tend et sans quoi tout se délie. A chaque prise de vue, le net se resserre comme un orage au cœur d’une étendue. La netteté est l’aimant qui fait se rencontrer l’avant et l’après, les espaces picturaux s’y clashent les uns avec les autres. Cette cime nette fixe le regardeur, l’appelle. Mamadou Gomis gorge de veines d’arbres et de nuages cet infra-mince. Et le reste de l’image bascule.