Ode au bol rouge

16/02/2011

Le bol rouge

Délavé au soleil

Se souvient de ceux

Qui savent s’asseoir sans sièges

Accoudés aux genoux

Les fesses soulevées du sol.

Il connaît l’embrun des rizières

Et recueille les gouttes des fronts travailleurs.

Il se partage sans manières

Et se lave à la bassine

Pendant que la terre battue boit l’eau savonneuse.

Le germe de riz

N’est qu’un vieux souvenir

Il est cuit et servi

Dans un bol de faïence

Orné d’un dragon de garance.

Il connaît la clim

Et les doigts propres

L’hygiène et les baguettes nacrées.

Les doigts sont devenus gras

Et suintent le labeur enfermé.

Ils sont deux pour un peuple

Et partage l’oubli :

Celui des temps passés

Comme celui des journées trop pleines.

Laissés, repris, le travail les porte à demain.