les rêves-têtards

05/03/2019

Cachés au fond
d’une mare,
les rêves
sont des cieux
comme des têtards.

Il ne faut pas les chercher
c’est eux qui viennent nous voir,
quand on rêvasse,
quand on attend,
quand dans notre tête reposée,
ils nourrissent les rivières.

Les rêves-têtards arpentent ces flots
Ils tournoient
en tâches d’aquarelle
Ils nous enveloppent
de vapeur, de rubans

Ils se diluent autour de nous
parfois au soleil,
parfois sous les feuillages,
d’un air de torrent quand le corps ou la terre descend,
d’un air de lac quand ils suivent l’horizontale.

Parfois ils rencontrent
les montagnes-ancêtres,
elles qui s’entourent de sapins
et qui ont des maisons aux toits pentus.

Les montagnes-ancêtres
sont douces comme la peau
et robustes comme les os
elles accueillent le calme et le sauvage ensemble.

La fillette-bélier vit dans ces montagnes.
Elle a recueilli les rêves-têtards.

De ses mains se sont échappés
des fantaisies à tête de loup!

Ces grains de folie se montrent
avec des oreilles pointues,
le sourire croquant
et un beau poil d’hiver
pour se promener à l’envi

Les voici qui déroulent
leur fougue.
Les voici qui dansent
et s’éparpillent.

Le village n’est plus si sage
maintenant qu’un peu partout,
on peut être surpris
par la moquerie d’un loup
échappée de la mare aux têtards.

Et du fond d’une rivière
sommeillent
quelques milliers d’autres rêves-têtards.

Peut-être viendront-ils nous choisir,
et de nos mains
ils écloront?

Loups et espiègles
ils partageront leur ruse
et leurs idées farfelues voleront au vent.