La poésie

08/01/2019

La poésie s’étire en un trait de dessin. Elle parcourt la dent, la lèvre, puis l’œil et les cheveux d’un petit être ensommeillé. Elle longe son bras, le confond avec l’oreiller. Elle s’échappe au loin, contextualise et reprend les lignes de son dessin sans couper ou préciser ce changement d’axe au flot du monde.

La poésie resserre les sphères de savoirs, court-circuite leurs parois, établie des correspondances de teintes, de formes et d’élans. Elle joue du piano en n’ayant que l’expérience du violon.

Aller au travail en poète, c’est rabougrir les murs des feuilles A4, c’est déchausser les humeurs pour déceler le cours  d’une colonne vertébrale, c’est pardonner l’imbibition à l’alcool et à la colère.

Aller au travail en poète c’est retirer le complexe des situations et des usages, ces habits-même, ces ronces-là qui s’entassent sur et autour de nous. Aller au travail en poète,  c’est  s’approprier l’imprimante en chef d’orchestre. Apporter de l’air aux portes, de la surprise aux couloirs. Détourner les classements en une bréviaire symbolique. Rendre caduque et obsolète, apporter de la gêne à toute forme d’autorité.

Aller au travail en poète comme la chercheuse devient formatrice, le berger devient éleveur, le philosophe, professeur de lycée.