La bohème

13/05/2019

La bohème se vit comme un contournement de boulevards
Elle tapisse les non-lieux d’écarts humains
Elle est la fougue qui ne veut pas se taire, l’auréole de rubans qui ne veut pas choir.

La bohème n’a pas peur de perdre des dents, de s’étaler à terre, de faire sienne le dessous des arbres pour une nuit même mouillée de rosée

La bohème aime les cartons et les petites planches de bois, la féerie même tachetée d’un passé un peu crasseux

La bohème ajoure les peuples d’une absence de crainte
Elle décime les rangs rien qu’avec son dos qui regarde ailleurs

La bohème fait d’un peigne un attrape-ciel
D’un cheval un cousin

Les portes sont percées pour laisser le vent rendre toute visite qu’il jugerait opportune

La bohème est fière mais pas plus
Elle chante pour que les feuilles répondent
Pas pour rassembler
Pas pour diviser

La bohème jaillit et referme ses traces

La photographie lui sied
C’est l’oeuvre d’un petit temps
D’une aura folle

Ce texte s’appuie sur les œuvres photographiques d’ Antoine Bruy et de Ian McKell. Toutes deux rendent un hommage appuyé à des peuples de traverse, des personnes « en marge ». A celles et ceux si loin des médias et des maisons en cube. La bohème n’est pas morte, elle n’est pas pauvre, elle est riche de sa lenteur et de son ton fleuri de mille et unes manières d’être, comme une mutation perpétuelle en fonction du paysage.