Pour Christiane Fath
10/10/2022
Christiane Fath affectionne le travail du tissu, du tissage, de l’empreinte. L’artiste glane ce qui jonche les parcours : parcelles de tissus de Provence, de Madagascar. Iles ou mers, il s’agit de réveiller les routes sans se mêler des pleins et des creux. Ses œuvres abandonnent les châssis, se structurent comme des lignes à suivre, à déchiffrer, dans leur épaisseur, couleur, leur interaction avec d’autres, peintes, collées, tissées.
Le tissu est meuble, il se plie, s’invite, se colle aux vies, à leur balade. Remonter le cours d’une famille, c’est un rebours de voyage, un rebours de mer méditerranée. L’île de la Réunion par les cimes au crayon, cartographie et paysage ne font qu’un.
L’ artiste réanime des mondes par le biais des signes, des tracés répétés, des lignes courbes libres ou fermées. Des motifs sont empruntés à la nuit des temps, d’autres s’inventent. Les lignes chantent bien sûr, et l’artiste a choisi de nous faire écouter des voix perdues à faire et défaire des paquetages, elle a choisi de les mêler à sa voix propre, d’y intégrer son vécu. Alors des télescopages culturels s’amorcent à chaque pièce, peinture ou installation, alors seulement le mille-feuille des trajectoires des iles et des mers se donne à voir par la tranche.
Christiane Fath superpose les géographies. Ainsi les temps s’étirent-ils peut-être, ainsi l’histoire dans son écoulement et ses variations s’invite sur une image-même. Une droite par-dessus une trame, par-dessous une maille… puis un motif évoqué vient vivre avec tous ceux-ci. Ainsi naissent les séries de Christiane Fath, comme autant d’itinéraires recensés, éprouvés à la fois par la mémoire, l’art, les yeux… de nombreux pas aussi.