L’accroche au mur

01/08/2022

L’accroche au mur

Les papiers peints fleuris sont-ils pleins de nos manques de prairie ? On accroche bien dedans, dehors, on enduit nos murs d’intentions, de nos liens inassouvis vers un ailleurs trop loin trop aimé et cérébral à la fois. Débarrassés de nos grigris, de nos décors, s’est-on trouvé invincibles sans la protection des animaux, des esprits, des feuillages, des constellations géométriques du ciel? La modernité s’est faite débarras, rase.

A partir de là, comment allions-nous enduire nos auras, les protéger, qui convoquer ? Réchauffer les contours, les abords des bureaux vides. L’humain s’est trouvé dépiécé de son foisonnement de ramifications dans lequel il sait si bien se fondre… la nuit.

L’accroche au mur est ainsi revenue par la petite porte, le jour. Le dessin, la peinture, la sculpture se sont ré-immiscés pour faire prise de terre et prise d’esprit, pour apaiser l’humain des bureaux, converser avec lui des mers, des ancêtres, du cosmos. Les œuvres sont revenues sur un mode de confidence partagée. Elles ne représentent rien, elles agissent pour elles-mêmes en totem.

La forme ainsi pensée, ainsi épaisse de son référentiel (poisson, loutre, ours, ciel, chat) se creuse. Le signe, ainsi parlant, ainsi agissant s’avance en totem. Il habite, il nous porte attention, protège les lieux de ce que l’on ne sait plus dire.