Dessin
11/12/2018
Les tracteurs de mon fils sont dentelés comme des fleurs. Élément phare de cette feuille, le tracteur n’a pas d’épaisseur, mais bien un pot d’échappement, un moteur visible, une fourche à quatre dents attelée devant pour aller chercher une botte à distribuer. Un volant et un siège dans la cabine, une masse colorée en plein à l’arrière pour faire contrepoids. Les brebis ont la tête tournée vers nous avec un sourire franc. Chacune a deux longues pattes et une touffe de ronds sur le dos. Pas besoin d’oreilles, de museau. Au nombre de deux, elles font troupeau. Leurs abreuvoirs s’échelonnent d’un côté puis de l’autre d’un triangle, d’un plan de bergerie. La porte y est toujours ouverte. Maintenant c’est plus clair, la bergerie est segmentée en deux étages, peut-être même trois. Un escalier, une table, un poêle, son conduit sort du toit, voici le mobilier des humains au-dessus de celui des brebis. Nous voguons tous trois en une file indienne sans sol et le ciel sourit et le soleil aussi. Nous sommes partis nous promener ou en route pour aller chercher le tracteur. D’ailleurs nous penchons tous un peu du même côté avec nos ventres si ronds, nos cous et bras en croix, si souriants les uns comme les autres en ordre décroissant de taille. Papa est à l’avant et l’enfant ferme la marche, de la bergerie-maisonnée, en passant par le ciel, jusqu’au tracteur. Il y a de la boue dans cette ferme. Le bord inférieur de la feuille a été feutrée de marron. Les pétales du tracteur s’y adossent, les deux tiges qui se rejoignent bien loin en une cime de bergerie y prennent appui. Le sol a dû venir en dernier, un changement de couleur pour finition. Du marron après une description de vert. On parcourt un dessin d’une lecture circulaire, de gauche à droite en l’air puis tout en bas. On sort de la feuille par la droite comme par une ligne d’écriture.