Dakar par correspondance
23/06/2015
J’écris en courant derrière mon sujet. L’écriture peut être une expérience pauvre telle une description myope. Les mots à mes côtés, mon sujet arrive traversé de pixels : depuis le hameau de Brouville, j’écris « Dakar par correspondance ». Les dessins et les photographies de Laure Gilquin sont mes interlocuteurs, le blog notre passerelle.
C’est alors une marche non tracée qui débute. Des bruits, des sons, des matières. L’écran crée des mirages, piètres et indispensables. Un dessin comme un élixir et l’écrit devient délire. Toute approche est thème à parcourir, fil à tirer depuis la trace sensible que Laure me laisse jusqu’à une étoile proche ou lointaine.
Nous sommes en plein ping pong, à chaque lancé s’opère un troc hétérogène.
Laure créé des ellipses, je réponds en tangentes.
Extraits :
C’est un vent
dans des filaos d’encre
Trois lignes
à l’épaisseur vigoureuse
et l’étoffe du personnage central
s’envole
Les traits foisonnent
se pressent telle une foule
aux lieux d’ombres denses
Plus qu’un carré
une mer d’ombre
boit
passants
carcasses
raies de lumière
air
et lignes
Un territoire
camoufle tout
tranche dans le vif
de la ville
assume ses lacunes
en nuances
et la tranquillité
d’un trou noir
Elle s’allonge ornée de
cubes grouillants
Ses carreaux
chipent l’horizon
Elle est nuance
elle est immense
Elle tourmente
mon lien au soleil
dézingue
l’arrêt habituel
de mon regard
Je suis en ville
comme en maladie
J’ai le tournis de ville
un mal terrien pressurisé
sans plus d’échelle ni même racine
Mêlé et assourdissant
Ligne ou point
Il singe zéro
Le chaos fond en ligne de fuite
La mer et la terre ont échangé leurs rôles
La terre saoule
Sans passé ou preuve d’échappée