Dakar par correspondance

23/06/2015

J’écris en courant derrière mon sujet. L’écriture peut être une expérience pauvre telle une description myope. Les mots à mes côtés, mon sujet arrive traversé de pixels : depuis le hameau de Brouville, j’écris « Dakar par correspondance ». Les dessins et les photographies de Laure Gilquin sont mes interlocuteurs, le blog notre passerelle.

C’est alors une marche non tracée qui débute. Des bruits, des sons, des matières. L’écran crée des mirages, piètres et indispensables. Un dessin comme un élixir et l’écrit devient délire. Toute approche est thème à parcourir, fil à tirer depuis la trace sensible que Laure me laisse jusqu’à une étoile proche ou lointaine.

Nous sommes en plein ping pong, à chaque lancé s’opère un troc hétérogène.

Laure créé des ellipses, je réponds en tangentes.

Extraits :

Dessin de Laure Gilquin - Sénégal - octobre 2013

Dessin de Laure Gilquin – Sénégal – octobre 2013

C’est un vent

dans des filaos d’encre

Trois lignes

à l’épaisseur vigoureuse

et l’étoffe du personnage central

s’envole

Les traits foisonnent

se pressent telle une foule

aux lieux d’ombres denses

 

L'ombre - Laure Gilquin

Plus qu’un carré
une mer d’ombre
boit
passants
carcasses
raies de lumière
air
et lignes
Un territoire
camoufle tout
tranche dans le vif
de la ville
assume ses lacunes
en nuances
et la tranquillité
d’un trou noir

 

IMG_3253_retoucheLa ville

Elle s’allonge ornée de

cubes grouillants

Ses carreaux

chipent l’horizon

Elle est nuance

elle est immense

Elle tourmente

mon lien au soleil

dézingue

l’arrêt habituel

de mon regard

Je suis en ville

comme en maladie

J’ai le tournis de ville

un mal terrien pressurisé

sans plus d’échelle ni même racine

l'horizon -Laure Gilquin

Mêlé et assourdissant
Ligne ou point
Il singe zéro
Le chaos fond en ligne de fuite
La mer et la terre ont échangé leurs rôles
La terre saoule
Sans passé ou preuve d’échappée